
Mythes sur les troubles Dys : démêler le vrai du faux
Les troubles Dys (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie, dysphasie, TDAH associé) concernent une part importante de la population et sont de mieux en mieux connus grâce à la recherche et aux associations. Pourtant, de nombreux mythes persistent et entretiennent la stigmatisation. Ces idées reçues compliquent la compréhension et l’inclusion des enfants, adolescents et adultes Dys dans la société. Cet article propose de passer en revue les préjugés les plus fréquents et d’apporter des éclairages scientifiques et pédagogiques.
Mythe 1 : Les troubles Dys disparaissent avec l’âge
Beaucoup pensent que les troubles Dys sont uniquement liés à l’enfance et qu’ils « disparaissent » une fois l’école terminée. En réalité, ce sont des troubles neurodéveloppementaux durables. L’adulte Dys conserve ses particularités, mais il apprend à développer des stratégies de compensation. Avec un bon accompagnement et l’usage des outils numériques, il peut surmonter la majorité des obstacles, mais le trouble ne disparaît pas.
Mythe 2 : Les enfants Dys sont moins intelligents
Il s’agit sans doute du mythe le plus répandu. Les élèves Dys sont parfois considérés comme paresseux ou incapables. Or, les recherches montrent qu’il n’existe aucun lien entre troubles Dys et intelligence. Certains Dys ont même une intelligence supérieure à la moyenne et développent des compétences remarquables dans des domaines comme l’art, l’informatique, la musique ou les sciences. Les difficultés concernent les mécanismes de l’apprentissage, pas les capacités intellectuelles globales.
Mythe 3 : Les Dys manquent d’efforts ou de volonté
On reproche souvent aux élèves Dys de « ne pas travailler assez » ou de « ne pas se concentrer ». En réalité, ils déploient souvent beaucoup plus d’efforts que leurs camarades pour parvenir aux mêmes résultats. Lire une page de texte, mémoriser des mots ou recopier un cours demande une énergie énorme, ce qui explique leur fatigue cognitive et émotionnelle. Parler de manque de volonté est injuste et inexact.
Mythe 4 : Les troubles Dys sont une mode
Certains affirment que les troubles Dys sont une invention récente ou une « mode » éducative. En vérité, ces troubles existent depuis toujours. Ce qui a changé, c’est la capacité à les identifier, à les comprendre et à les prendre en charge grâce aux avancées en neurosciences et en psychologie. Les progrès du dépistage ont permis de donner un nom à des difficultés qui restaient auparavant incomprises.
Mythe 5 : Les Dys sont tous créatifs ou « génies »
Si de nombreuses personnes Dys développent une grande créativité, ce n’est pas une règle générale. Certains excellent dans l’innovation, la pensée visuelle ou la résolution de problèmes, mais d’autres rencontrent des difficultés qui ne se compensent pas par une créativité particulière. Réduire les personnes Dys à un « profil type » alimente de nouveaux clichés et empêche de reconnaître leur diversité.
Mythe 6 : Les troubles Dys sont liés à une mauvaise éducation
Un autre préjugé répandu consiste à accuser les parents d’un enfant Dys de ne pas l’avoir suffisamment stimulé ou d’avoir mal éduqué leur enfant. Les troubles Dys sont d’origine neurologique et ne résultent ni d’un environnement familial ni d’un manque d’attention éducative. Bien sûr, un environnement bienveillant et adapté favorise le développement, mais il ne peut être tenu responsable de l’origine du trouble.
Mythe 7 : Les outils numériques rendent les Dys paresseux
L’usage d’un ordinateur, d’une tablette ou d’applications spécialisées est parfois perçu comme une « facilité ». En réalité, ces outils numériques permettent simplement de compenser un handicap invisible. Ils n’enlèvent pas la difficulté, mais offrent un accès équitable aux apprentissages et à l’autonomie. Refuser leur usage reviendrait à priver une personne malvoyante de ses lunettes ou d’une loupe électronique.
Mythe 8 : Tous les Dys se ressemblent
Il existe une grande diversité dans les profils Dys. Chaque enfant ou adulte peut présenter une combinaison différente de troubles, avec des intensités variables. Certains auront une dyslexie légère mais une forte dyspraxie, d’autres cumuleront dysorthographie et TDAH. Parler « des Dys » comme d’un groupe homogène est réducteur et inexact.
Mythe 9 : Les troubles Dys sont incompatibles avec la réussite scolaire et professionnelle
Beaucoup imaginent qu’un élève Dys est condamné à l’échec scolaire. Pourtant, avec un accompagnement adapté, un aménagement des évaluations et des outils pédagogiques modernes, il peut réussir brillamment. De nombreux adultes Dys exercent aujourd’hui des métiers exigeants : médecins, ingénieurs, chercheurs, artistes, entrepreneurs. L’inclusion scolaire et professionnelle permet de révéler leurs compétences et leur potentiel.
Mythe 10 : Les Dys ne peuvent pas apprendre de langues étrangères
Certains pensent que les troubles Dys empêchent totalement l’apprentissage des langues vivantes. S’il est vrai que cet apprentissage peut être plus difficile, il n’est pas impossible. Grâce à des méthodes adaptées (outils audio, immersion, vocabulaire simplifié, supports visuels), les élèves Dys peuvent progresser et atteindre un bon niveau. Le mythe de l’impossibilité bloque inutilement leur motivation.
Pourquoi ces mythes persistent-ils ?
Les idées reçues sur les troubles Dys persistent pour plusieurs raisons : manque d’information, méconnaissance du public, formation insuffisante des enseignants et clichés relayés dans les médias. De plus, l’invisibilité des troubles (absence de signe physique) contribue à ce scepticisme. Il est plus facile pour certains de penser que l’enfant « ne fait pas d’effort » plutôt que d’admettre la complexité d’un trouble neurologique invisible.
Comment lutter contre les idées reçues ?
Pour déconstruire les mythes, plusieurs actions sont nécessaires :
- Sensibiliser le grand public par des campagnes d’information et des témoignages.
- Former les enseignants afin qu’ils comprennent les particularités des élèves Dys.
- Valoriser les réussites des adultes Dys pour montrer des modèles positifs.
- Encourager la recherche afin d’apporter des données scientifiques claires et accessibles.
Conclusion
Les mythes sur les troubles Dys sont encore nombreux et nuisent à l’inclusion et à la confiance des personnes concernées. Déconstruire ces idées reçues est essentiel pour permettre à chaque Dys d’être reconnu dans sa singularité et son potentiel. En comprenant que ces troubles ne définissent pas l’intelligence ni la valeur d’une personne, mais représentent simplement une autre façon d’apprendre et de penser, la société avance vers plus de tolérance et d’inclusion.