Démêler le vrai du faux sur la dyslexie
La dyslexie est-elle considérée comme une maladie ? Est-ce qu’elle affecte davantage les garçons ? A-t-elle une origine psychologique ? Démêlons le vrai du faux.
La dyslexie est-elle une maladie
La classification de la dyslexie en tant que maladie est à la fois vrai et fausse. Selon la classification internationale de l’Organisation mondiale de la santé, la dyslexie est répertoriée comme un trouble spécifique des apprentissages, ce qui peut être considéré comme une forme de maladie. Cependant, il est important de noter que les personnes atteintes de dyslexie ne se considèrent généralement pas comme étant malades.
La dyslexie se caractérise par des difficultés dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Les symptômes de la dyslexie peuvent inclure une lecture inexacte, lente ou laborieuse, une compréhension difficile des textes et des consignes, ainsi que des difficultés à épeler les mots et dans l’expression écrite, notamment en ce qui concerne la grammaire, la ponctuation et la construction des phrases.
5 à 10% des français souffrent de dyslexie
Selon un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) datant de 2017, il est vrai que 5 à 10 % des Français sont atteints de dyslexie.
Ces chiffres sont corroborés par des études récentes qui confirment la stabilité de ces statistiques. Il convient de noter qu’il n’y a pas de dépistage systématique de la dyslexie pendant l’enfance, et souvent ce sont des enseignants et des parents attentifs ou préoccupés qui remarquent les symptômes. Cependant, il peut arriver que des enfants soient adressés à tort pour des troubles de comportement plutôt que pour des troubles spécifiques de l’apprentissage tels que la dyslexie, comme l’indique Domitille Weber, orthophoniste et Secrétaire générale du Syndicat des orthophonistes de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur Corse (SDORPACAC).
L’apprentissage de la lecture est-il le principal révélateur de ces troubles ?
Il est vrai que l’apprentissage de la lecture est le principal révélateur des troubles de la dyslexie. Les déficits dans la lecture se manifestent par une difficulté à déchiffrer les mots, ce qui se traduit par une lecture lente et laborieuse. C’est pourquoi le dépistage de la dyslexie est souvent possible à l’école élémentaire, où l’apprentissage de la lecture commence généralement vers l’âge de 6 ans.
Cependant, il est important de noter que certains enfants dyslexiques, discrets ou doués d’un haut potentiel intellectuel, peuvent passer inaperçus tant qu’ils parviennent à compenser leurs difficultés par leur intelligence. Cependant, ils peuvent se retrouver en difficulté dans des situations où ils ne peuvent plus compter uniquement sur leur intelligence, par exemple lorsqu’ils doivent effectuer un travail sous contrainte de temps.
Par ailleurs, les enfants dyslexiques peuvent également rencontrer des difficultés pour mémoriser les tables de multiplication, ce qui peut affecter leurs performances en mathématiques.
La dyslexie est-elle héréditaire ?
C’est vrai en partie, car des facteurs environnementaux peuvent également jouer un rôle. La probabilité qu’un enfant soit atteint de dyslexie est d’environ 40 % si l’un de ses parents ou un parent proche est déjà dyslexique. Cela signifie que les parents atteints de ce trouble doivent être particulièrement vigilants par rapport aux autres pour détecter et accompagner les éventuels signes de dyslexie chez leurs enfants.
La dyslexie est-elle d’origine psychologique ?
Il est faux de dire que la dyslexie a une origine psychologique. Son origine est liée au fonctionnement du système nerveux central, où certaines régions du cerveau présentent des différences dans leur fonctionnement.
Cependant, il est vrai que la dyslexie peut entraîner des difficultés psychologiques, telles que des troubles de l’estime de soi, des problèmes de confiance en soi et parfois même des épisodes dépressifs. Ces troubles psychologiques sont souvent liés aux défis rencontrés par les personnes dyslexiques dans leur parcours éducatif et professionnel.
La dyslexie s’accompagne-t-elle souvent d’autres troubles ?
Il est vrai que la dyslexie peut souvent s’accompagner d’autres troubles, mais ce n’est pas systématique. Des troubles tels que le trouble spécifique des apprentissages avec déficit du calcul (anciennement appelé dyscalculie), le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou le trouble développemental de la coordination (dyspraxie) peuvent être associés à la dyslexie chez certaines personnes. Cependant, il est important de noter que chaque individu dyslexique peut présenter des profils différents et que la présence d’autres troubles peut varier d’une personne à l’autre.
Est-il exact qu’il n’existe aucun traitement pour la dyslexie ?
Il est faux de dire qu’il n’existe aucun traitement pour la dyslexie. Bien que la dyslexie ne peut pas être complètement guérie, il existe des moyens de remédier aux difficultés associées à ce trouble, et il est préférable de les mettre en place le plus tôt possible.
Le traitement de la dyslexie implique généralement une période intensive de séances d’orthophonie, prescrites par un médecin. Cela peut inclure au moins 50 séances d’orthophonie d’une durée minimale de 30 minutes. Certains préfèrent des séances plus courtes et plus fréquentes, avec 2 à 3 séances par semaine sur une période de 3 à 4 mois. D’autres optent pour une prise en charge plus longue, avec une séance par semaine pendant un an à 18 mois, en s’assurant que les entraînements sont réguliers. Dans les cas de troubles plus sévères, la prise en charge peut même durer plusieurs années.
En plus des séances d’orthophonie, il est recommandé d’avoir des entraînements quotidiens impliquant la famille. Ces entraînements réguliers peuvent contribuer à réduire progressivement les retards accumulés par les enfants dyslexiques. De plus, des outils numériques, recommandés par les professionnels de la santé, peuvent être utilisés en complément des séances d’orthophonie pour soutenir l’apprentissage et la progression des enfants dyslexiques.
L’école dispose-t-elle d’outils et de dispositifs pour accompagner les enfants DYS ?
Il est vrai que l’école dispose d’outils et de dispositifs pour accompagner les enfants dyslexiques.
L’école s’est adaptée en mettant à disposition des enfants concernés des outils et des aides spécifiques. Cette approche pédagogique différenciée se décline en trois niveaux. Pour les difficultés légères, il existe un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE). En cas de troubles de l’apprentissage, un plan d’accompagnement personnalisé (PAP) peut être mis en place. Pour les cas les plus sévères, il existe un projet personnalisé de scolarisation (PPS), qui inclut une reconnaissance du handicap et la possibilité d’avoir un accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH) si nécessaire. Selon les budgets des départements et la gravité des troubles, ces dispositifs peuvent être mutualisés.
Françoise Joseph, médecin coordinateur pour l’association Occitadys, souligne également l’importance de divers outils simples à la disposition des enseignants. Par exemple, le choix d’une police de caractères très lisible, telle que Arial, avec des caractères suffisamment gros et des interlignes espacés, ainsi que l’utilisation de logiciels de traitement de texte. Les livres numériques peuvent également être utiles en permettant aux enfants dyslexiques d’apprendre leurs leçons en les écoutant, évitant ainsi la nécessité de passer par la lecture et le déchiffrage.
La scolarité est-elle toujours affectée ?
Il est vrai que, malgré les mesures prises, la scolarité des enfants dyslexiques peut être affectée.
De nombreux enfants dyslexiques devront faire face à ce trouble et à une lenteur de lecture qu’ils devront compenser tout au long de leur vie. Cependant, l’école d’aujourd’hui est de plus en plus inclusive et dispose de stratégies d’accompagnement. Par exemple, les classes ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) sont disponibles du CP à la 3e année, ainsi que dans les filières professionnelles du baccalauréat. De plus, de nombreux BTS et cursus universitaires sont compatibles avec la dyslexie.
Le Dr Joseph rassure en soulignant qu’il existe des options pour les enfants en grande difficulté, et que des solutions adaptées sont disponibles à différents niveaux de la scolarité. Cependant, il est important de reconnaître que malgré les efforts déployés, la dyslexie peut continuer à avoir un impact sur la scolarité des enfants, et ils devront souvent trouver des stratégies de compensation pour réussir dans leur parcours éducatif.
La dyslexie a-t-elle une influence sur la vie adulte ?
Il est vrai que la dyslexie a une incidence sur la vie adulte.
Souvent stigmatisés en tant que mauvais élèves, de nombreux dyslexiques ont vécu une scolarité difficile. Pourtant, il n’existe aucun lien entre la dyslexie et l’intelligence, mais cela se traduit souvent par un manque de confiance en soi. Il est important de travailler à rétablir un certain équilibre émotionnel.
Heureusement, cette population développe souvent d’autres facultés, que ce soit sur le plan oral ou manuel. Comme le souligne le Dr Joseph, les dyslexiques ont une réelle capacité à s’adapter et à trouver des solutions, ce qui peut être un véritable atout dans la vie adulte.
Source : www.essentiel-sante-magazine.fr